Pavane pour une infante défunte pour quintette à vents et harpe

Préface

Pavane pour une infante défunte, 

pour quintette à vents et harpe 

Maurice Ravel compose la première version de la Pavane pour piano en 1899, suite à une commande de la princesse Winnaretta de Polignac ; grande mécène des arts à Paris au début du 20e siècle. Elle est publiée chez l’éditeur Eugène-Louis Demets en 1900, avec une dédicace à la princesse. L’oeuvre connaît un succès immédiat, avec ses couleurs douces, ses mélodies charmantes et son caractère rétrospectif. 

C’est en 1909 que Ravel propose une version pour orchestre, publiée chez Demets l’année suivante. La création a lieu à Manchester le 27 février 1911, sous la direction de Sir Henry Wood. Après une première privée chez la princesse de Polignac le 8 juin de la même année, c’est finalement le 25 décembre qu’aura lieu la première parisienne, dans le cadre des Concerts Hasselamans, dirigée par Alfredo Casella.

Au sujet de l’interprétation du titre de l’oeuvre, Ravel insiste sur le fait qu’il ne doit pas être dramatisé et qu’il s’agit d’une simple allitération. « Ce n’est pas la déploration funèbre d’une infante qui vient de mourir mais bien l’évocation d’une pavane qu’aurait pu danser telle petite princesse, jadis, à la cour d’Espagne ».1 Avec le mot pavane, il reprend également une forme de danse issue de la période baroque. Et bien que le cor à pistons ait progressivement remplacé l’instrument naturel au début du 20e siècle, Ravel utilise spécifiquement deux cors naturels, « cors simples en sol », ce qui vient renforcer ce caractère ancien.

Pour cet arrangement, je me suis basé sur la version orchestrale de 1910. Avec les différents instruments du quintette et la harpe, j’ai tenté de me rapprocher le plus possible de la sonorité de cette version. Les notes du registre grave de la harpe apportent une belle profondeur au début de la pièce. Les différents solos de la version orchestrale sont conservés aux mêmes instruments. La flûte et le hautbois reprennent la majorité des mélodies et les voix intermédiaires sont partagées entre les différents instruments. La ligne de basse est distribuée entre le basson, le cor et la harpe. Ensuite, pour changer de texture, c’est la harpe qui double le retour du solo de cor, à la toute fin. 

Concernant l’interprétation de la partie de cor; dans la version orchestrale de 1910, Ravel demande l’utilisation de cors naturels en sol. Bien que cet arrangement soit conçu pour l’instrument moderne et que certaines parties soient impossibles à jouer au cor naturel (à cause du registre), je recommande grandement de jouer les deux solos avec la technique du cor naturel. Pour ce faire, jouez toutes les notes avec les pistons 1 et 2 sur le cor en si bémol. Et utilisez la main droite pour boucher très légèrement les notes qui ne font pas partie de la série des harmoniques naturelles (la, si et fa). Pour garder la couleur douce, il faut s’assurer de ne pas trop boucher ces notes, car le son cuivré n’est pas approprié dans ce contexte.

Félix Foster

Bruxelles, mai 2025