Rhapsodíe Opus 70 pour piano, flûte, hautboís, clarinette, basson & cor

Préface (française)

Rhapsodie op. 70 (1922)

pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor

Né à Liège (Belgique) le 14 décembre 1873, Joseph Jongen fait toutes ses études musicales au Conservatoire de Liège. On remarque immédiatement son talent pour l’écriture et les instruments à claviers. Il acquiert son diplôme supérieur pour le piano en 1892 et pour l’orgue en 1896. Il commence à composer dès l’âge de 13 ans et il étudie principalement auprès du grand pédagogue Jean-Théodore Radoux. Jongen compose plus de 130 oeuvres pour divers ensembles, mais il est surtout connu pour ses nombreuses pièces pour orgue et ses pièces de musique de chambre. Il obtient le poste de professeur de fugue au Conservatoire royal de Bruxelles en 1920. Il devient directeur de cette institution en 1925 ; poste qu’il occupe avec dévouement jusqu’à son départ à la retraite, en 1939. C’est au début de ce mandat qu’il compose la Symphonie concertante pour orgue et orchestre, op. 81. Il s’agit, encore à ce jour, de son oeuvre la plus célèbre. 

Grand compositeur, organiste, pédagogue et chef d’orchestre, Joseph Jongen est l’une des figures marquantes de la scène musicale belge au tournant du 20e siècle. Le fonds Joseph Jongen, rassemblant l’intégralité de son oeuvre et de ses documents personnels, est conservé à la bibliothèque du Conservatoire royal de Bruxelles.

Composée du 17 au 28 août 1922, la Rhapsodie op. 70 est créée à Paris le 27 février 1923, puis à Bruxelles le 22 mars 1923, par la Société des Instruments à Vent de Paris. L’introduction lente, qui débute avec le basson solo, s’enchaine à un mouvement de habanera. La dernière partie est une sorte de valse endiablée, qui se termine sur une grande envolée frénétique du sextuor, jusqu’à l’accord final.

Jongen a su marier à merveille les différents instruments de l’ensemble ; tour à tour solistes et accompagnateurs. Mais, il exploite aussi pleinement les possibilités de chacun, avec toutes les combinaisons imaginables (duos, trios, tutti, etc.). La délicatesse et la virtuosité de la flûte, le lyrisme du hautbois, le son feutré et parfois cuivré et héroïque du cor. Pour le piano, étant lui-même un excellent pianiste, Jongen a écrit une partition d’une incroyable difficulté. Extrêmement virtuose, même dans les parties d’accompagnements qui sont aussi fournies que les parties solo, mais dans un caractère plus doux et subtil, qui demande une grande sensibilité de l’interprète. Bien que Jongen n’ait pas attaché de sens extra musical à la partition, la forme et l’envergure de la Rhapsodie, avec sa succession de mouvements contrastants et le retour de thèmes à la fin de l’oeuvre, n’est pas sans rappeler le poème symphonique ; forme musicale très en vogue à Paris à l’époque.

La source utilisée pour cette édition est une copie du manuscrit, de la main de l’auteur (1924), qui se trouve à la bibliothèque du Conservatoire royal de Bruxelles (42366).

Après avoir joué cette oeuvre plusieurs fois, je peux dire sans l’ombre d’un doute que cette Rhapsodie mérite une plus grande place dans le répertoire standard pour quintette à vents et piano ; au même titre que le Sextuor de Thuille ou celui de Poulenc.

Félix Foster

Bruxelles, mai 2025